La force de la peinture de Véronique Nauzin tient, me semble t-il, dans cet équilibre fragile entre l’être et le paraître. Dans cette capacité à laisser entrevoir, derrière ici un visage, ou simplement un regard, là un geste ou une attitude, un espace paradoxal de représentation apparemment réaliste dont la vraisemblance est mise en échec par la forme. Un espace intermédiaire où elle affirme sa présence dans un monde où nous nous reconnaissons, et que nous pouvons donc partager.
Membres d’une même communauté, d’une même fratrie, liés à une même histoire, faisant front ensemble ou tentant de s’échapper d’un trop lourd carcan, figés dans leur solitude ou habités d’une farouche détermination, ses personnages lèvent tous le voile sur une partie de leur intimité, tout en gardant une distance irréductible. Leur caractère énigmatique survit à l’interprétation.
L’énigme de la vie… la nécessité du secret. « L’énigme, le merveilleux et le mystère sont tous trois les voies les plus sûres pour voir clair en soi-même ». Jacques Lacarrière
Sylvie Schwoebel |